Agha Ibrahim Akram [Biographie]

C’est dans une famille musulmane de la cité aujourd’hui indienne de Ludhiana, au nord de Delhi, que naît Agha Ali Ibrahim Akram le 22 septembre 1923. Lors de l’indépendance et de la partition des Indes britanniques entre musulmans et hindous, il opte naturellement pour le Pakistan, et c’est ainsi qu’il participera avec distinction aux trois premières guerres indo-pakistanaises – 1947, 1965 et 1971 -; les deux dernières en tant que chef d’état-major d’une division d’infanterie placée en première ligne.

Entre temps, Agha Ibrahim Akram, devenu colonel, avait été nommé, de 1960 à 1965, chef instructeur au « Command and Staff College », la célèbre académie militaire de Quetta où il enseignait, entre autres, l’histoire et la stratégie au gratin des futurs officiers et généraux pakistanais. C’est là qu’il ressent cruellement le manque de littérature détaillée, claire et objective sur l’histoire militaire musulmane, et qu’il décide de remplir lui-même ce vide en se lançant dans une série chronologique des premières grandes conquêtes de l’islâm qu’il prévoit de rédiger en vingt ans. Pour mener à bien son projet et ses recherches, il apprend l’arabe, le perse et l’espagnol et se met à réunir méthodiquement une impressionnante bibliothèque de sources historiques.

Son premier livre sur la vie et les campagnes de Khalid ibn al- Walid, « L’épée d’Allâh », paraît ainsi en 1970 après cinq ans d’efforts et de visites sur les champs de bataille du Liban, de Syrie, de Jordanie, d’Iraq ou encore d’Arabie Saoudite. Édité en anglais puis traduit en ourdou, en arabe, en allemand ou encore en malais et en langue indonésienne, cet ouvrage connaît un succès fulgurant à travers le monde musulman; il deviendra même une lecture obligatoire pour les candidats à l’entrée dans les académies militaires pakistanaises et sera intégré dans le cursus de formation des officiers de l’armée malaisienne.

Son second livre, « La conquête musulmane de la Perse », est publié en 1974 après de nombreux repérages en Iran, alors qu’il vient d’être nommé délégué militaire du Pakistan à Ankara, dans le cadre du pacte de Bagdad; son troisième volume, « La conquête musulmane de l’Égypte et de l’Afrique du Nord », en 1977, après de nouvelles visites en Égypte et en Tunisie. Entre temps, Agha Ibrahim Akram est devenu lieutenant-général, le troisième grade le plus élevé de la hiérarchie militaire pakistanaise; l’année suivante, en 1978, il est néanmoins contraint de se retirer de l’armée par le nouveau maître du pays, Muhammad Zia-ul-Haq.

Nommé ambassadeur du Pakistan en Espagne, un poste qu’il occupera près de trois ans et qui lui permettra de se consacrer à l’écriture et à la publication du dernier opus de sa série historique, « La conquête musulmane de l’Espagne », dont il est question ici, il s’y découvre une véritable fascination pour al-Andalus et son destin, à l’image du poète Muhammad Iqbal, « père spirituel du Pakistan » qui inspira plusieurs générations d’élites du pays.

Une nouvelle idée émerge alors en son esprit : rédiger une autre série d’ouvrages d’histoire militaire, cette fois consacrés exclusivement à l’Espagne musulmane, une immense saga qui s’étendrait de la première conquête du pays, en 711, à la chute de Grenade, en 1492. Deux nouveaux livres suivront dans ce cadre : « Le faucon de Quraysh », sur le premier émir omeyyade de Cordoue, ‘Abd ar- Rahmân, et « La montée de Cordoue », en 1986, peu avant sa mort. Agha Ibrahim Akram rejoindra ainsi son Créateur en 1989, sans avoir pu mener à son terme ce dernier projet…

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